Historique de Willy Peters

De 1960 à 2018, le parcours de Willy PETERS au service de l’électro-acoustique

Ci-dessous, un historique synthétique des réalisations de Mr Willy PETERS, agrémenté d’anecdotes, des années 60 jusqu’à la création de l’ASBL Reference Axiom Audio en 2008
Mireille.V.

L’histoire commence au temps des pionniers de l’électroacoustique. 1960 est une époque où on ne rencontre que des baffles plans et peu ou pas d’enceintes acoustiques, celles-ci étant réservées au cinéma sous formes d’enceintes à pavillons, et quelques fois comme compléments au juke-box. Pour ce dernier, les enceintes Seeburg seront les premières à apparaître vers 1964, système 2 voies, driver et double basses.

En ces années là, la T.V. (noir et blanc) se démocratise. Les mélomanes initiés attendent la stéréo sans trop savoir s’il faudra pour l’entendre deux récepteurs (bien entendu à lampes). On est loin d’imaginer le numérique pour le son, et encore moins le C.D. Si l’audiophile a abandonné le 78 tours pour le 45, il a pour l’écouter un grand meuble bahut qui dissimule en son centre pré-ampli, ampli, radio en un seul élément. A gauche la platine, à droite le bar. En 1960 on ne parle évidemment pas de platine mais de tourne-disques ou pick-up. C’est en 1960 que Willy Péters découvre fortuitement l’enceinte acoustique qui deviendra tout de suite une passion. Après des études supérieures (scientifiques) et un graduat en électromécanique terminé en 1958, Willy Péters avait les connaissances requises afin de comprendre le fonctionnement « mathématique » et théorique des H.P. et tous leurs paramètres. Cependant c’est surtout l’expérimentation constante qui a permis à W.P. de produire un matériel d’exception qu’il propose aujourd’hui.

« En 1962, après 2 ans de constructions « ordinaires », il rencontre Mr Remy Lafaurie (un très grand Monsieur qui dans ce domaine et bien d’autres, possédait une érudition hors normes). W.P. lui doit beaucoup. Un des conseils de Remy Lafaurie : toujours tout vérifier par une expérimentation sans cesse renouvelée … »

W.P. à notamment réalisé la sonorisation de concerts pour Ella Fitzgerald (festival de Montreux 1972), Ray Charles, Lionel Hampton ou encore la tournée américaine du groupe ABBA (Californie 1976).
Il a également fourni la majorité des discothèques belges et luxembourgeoises de l’époque, ainsi qu’une percée importante sur la France ou encore des commandes pour la Rtbf et autres parastataux (Organisme d’Etat)

Mireille.V.

Début de l’histoire :

En 1960, il crée une société spécialisée dans les matériaux composites et plus particulièrement dans l’application de ces matières pour la construction de bateaux. En mars 1960 une S.A. appelée « Mean Marine » dirigée par Mr. Lance contacte Willy Péters pour construire un bateau, dont le modèle doit lui être réservé exclusivement en vue d’une production en grande série. Début mai 1960 le prototype est au bord de l’eau, ce hors-bord suscite l’admiration de son commanditaire et de son personnel. Les vocables utilisés : racing, formule 1 sont des compliments appréciables, surtout à 21 ans.

Même sur l’eau il est beau, tout au moins à l’arrêt. Dès le départ donné, ce bateau oscille de gauche à droite et fait des embardées. Comme en 1812 c’est la « Bérézina », W.P. est perplexe et ne sait quoi dire. Le patron de Mean Marine reste confiant et demande à W. de garder la structure des œuvres mortes et de modifier les oeuvres vives. La coque en aile de mouette doit être modifiée ou supprimée.

Un architecte naval coûte cher et n’a pas été prévu dans le budget.

Afin de corriger les plans ou d’en trouver d’autres, W. contacte des sociétés Anglaise et fin mai 60 il visite le Surrey au sud de Londres et trouve de suite ce qu’il cherche. Ayant 5 jours d’avance sur son planning avant le retour, il décide de retourner à Londres. Le premier soir dans un night club de Soho, il lie conversation avec son voisin de table et fini par lui raconter sa mésaventure nautique.

Aux petites heures de l’aube, ils étaient amis. Le voisin de table était l’ingénieur du son de chez GOODMAN. Les jours suivants, W. visitait la chambre sourde et l’ensemble des usines GOODMAN.

De retour début juin, il avait un plan de bateau parfait mais aussi une douzaine de plans d’enceintes acoustiques, l’ouvrage de Abraham B. Cohen (Loudspeakers and Enclosure édition 1956) et 2 Axiomes 80, H.P. Goodman. Sa décision était prise. En août 1960 le bateau était rectifié et terminé avec succès. La firme APAL près de Liège le produisait en série pour Méan Marine

W. n’avait plus qu’une idée en tête, se lancer dans l’acoustique, ses connaissances sur le plan technique le lui permettaient. Ses premières enceintes acoustiques furent construites fin 1960.

En 1962, création de modèles qui surpassaient les rares C35 JBL, modèles à ligne de transmission équipés chacun en graves de deux Wharfedale RS-15, woofers pour lesquels W.P. a toujours une grande admiration.
A ce moment-là, la stéréo commençait à se généraliser.
Les premiers D.J’s sont apparus plus tard vers 1964. A cette époque Willy avait déjà une longueur d’avance. La leçon du bateau avait été salutaire et quatre ans après ses débuts, il connaissait parfaitement le domaine de la construction électroacoustique.

W. P. utilisait à l’époque Wharfedale, Lowther, Leak, Tannoy et d’autres H.P. anglais. Les H.P. JB Lansing viendront plus tard. Ses propres constructions de H.P. sont exceptionnelles mais trop chères pour être produites en série. Ce n’est d’ailleurs pas le but, cela reste expérimental.

En 1964 : production de 5 à 7 paires par mois. Douze ans plus tard (1976), cinq personnes travaillent pour la fabrication de Sandvoice et plus de 200 enceintes sortent chaque mois de chez Sandvoice équipées en JBL.
De 1976 à 1981 W.P. sera le n°1 en JBL pour Harman Belgium.

1967 : première exposition, en 1969 : seconde exposition pour la société, succès et interview suivent. En 1971 : première »enceinte type colonne « (25 ans trop tôt). A cette date, les enceintes sablées (sable entre 2 parois) sont abandonnées, subsistent les enceintes de forme prismatique.

En 1971 après onze années passées dans la « hi-fi », débute la construction des enceintes de sonorisation.

Malgré le succès commercial, cela ne passionne plus W.P. et en 1978 il vend « Sandvoice » et recommence sous la marque « Will Audio » avec l’objectif de ne produire que des moniteurs haut de gamme. Techniquement, c’est réussi mais ses moyens de l’époque ne lui permettent pas de se limiter à ces modèles de prestige, aussi doit-il relancer une gamme à prix moins élevé donc moins performante.

Les concessions qu’il ne désirait plus faire redeviennent une nécessité. L’ordinaire ne le passionne pas et en 1982 Willy vend la marque « Will Audio » et décide de mettre la société William en veille.

En 1995, après avoir exercé dans d’autres domaines technologiques, il remet un pied dans le domaine de l’acoustique pour d’autres constructeurs. Il met aussi à profit son temps libre pour se consacrer à la recherche et notamment à la mise au point parfaite de la technique interactive (isobarique) qu’il connaît très bien.

Sous le couvert de son ancienne société commerciale « William », c’est fin 2002 qu’il se décide à ne produire que du très haut de gamme. Construire sans aucune concession cela représente un risque que son associé ne veut plus prendre, pour ces raisons, il abandonne cette sprl.

Pour éviter les inconvénients de construction inhérents à la production série. Pour éviter ces compromis, W.P. décide de produire uniquement artisanalement. Pour ce faire, fin 2008 il crée une Association Sans But Lucratif : R.A.A. (Reference Audio Association) La passion est intacte et les moyens le permettent. !

Étant son épouse depuis près d’un demi siècle, je pourrais vous conter toute l’histoire mais j’estime sa participation nécessaire . – The End Mirelle.V.
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M.V. : pour les personnes qui désirent en savoir un peu plus, quelques anecdotes au hasard des questions posées à W.P.
M.V. : pourquoi avoir abandonné l’audio si longtemps ?
WP : « Quelque soit l’expérience et le talent que l’on possède, faire ce métier par passion sans aucune concession, conduit rarement à la réussite financière.

M.V : Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. « Confucius »
WP : Oui mais Confusius ne connaissait pas « l’enfer fiscal ». Ma « carrière » étant terminée depuis longtemps, je n‘ai plus ce problème, j’exerce ma passion, avec le moins de concessions possibles. Comme disait Henry Ford : vos pouvez choisir n’importe quelle couleur pour la Ford T .. du moment que c’est noir. Pour ce que nous ne voulons pas réaliser, plans, schémas et conseils restent disponibles et gratuits.
Avec des réalisations comme les Reference 43XL, on ne gagne rien ou très peu, parce qu’on refuse de construire l’ordinaire. Notre but n’est plus de faire du commerce. Essayer que cette passion ne nous coûte rien, c’est déjà pas mal.

Dans ASBL, il y a : Sans. But. Lucratif., il faut traduire par construction occasionnelle, modèle sur mesures.et délais important.
Si il s’agissait de commerce et non d’une fin de carrière, il suffirait de faire entendre ce que nous avons réalisé, le montrer, l’afficher cinq fois plus cher, avoir la « carrure » et investir dans un plan média important. Parallèlement, il faudrait aussi produire une série de plus petits modèles du même nom…(Voir : JM Lab. La grande Utopia n’est pas une utopie, elle fait vendre les petits modèles ; La 43XL n’a évidemment rien à lui envier.

D’autres ont choisi de poursuivre le travail de grande série, comme le fait Kenrick Sound. Cette solution est bien plus simple car sans se casser le bouchon, on gagne des $ $ $. Dans le premier cas il faut investir et construire de l’ordinaire. Dans le deuxième cas, c’est la copie conforme des modèles JBL. Rien de passionnant !

Le refaire seul, trop peu pour moi, je n’ai plus le « punch ». Contraintes et concessions, j’ai déjà donné ! Pour le business je n’étais déjà pas très bon avant, alors maintenant, à près de 80 balais ne rêvons pas, on ne peut pas être et avoir été.

M.V. : J’ai bien fait de suggérer ton histoire sous forme de questions et réponses, seul je n’aurais pas fait une aussi longue réponse. Autre question, serai tu d’accord pour aider un jeune constructeur professionnel ?
WP : S’il a les moyens, et est dépourvu d’une âme d’épicier, est perfectionniste, ne prétend pas tout savoir. …et est d’accord pour une 43XXL, je suis partant.

M.V. : « JBL coûte cher, ce ne serait peut être pas si simple ! »

WP : Il n’y a pas que JBL ! ! Sur JBL, les marges bénéficiaires sont importantes, par quantité c’est intéressant. Déjà à mon époque, 40% de remise sur le prix liste, cela correspondait à 60% de moins que le prix public, soit 25% de moins que le prix payé par un pro spécialisé dans la vente de JBL.

A l’ époque de « Sandvoice », je commandais plus de 150 HP/mois (50 X 2402 + 50 K140 + 50 D208 / 2110……). Pour l’importateur tu es le n°1, J.P.Ury Directeur de Harman Belgium (années 70) m’a dit un jour : « si tu t’arrêtes, je meurs ». Je représentais un quart de la totalité de son chiffre d’affaire. Rue de Bordeaux à Bruxelles, on s’y rendait chaque semaine pour prendre du JBL.- Correction c’est Mireille qui s’y rendais chaque semaine ! WP : Bof, une promenade.

(Kenrick Sound a vraisemblablement les mêmes avantages que ceux que j’ai obtenu il y a 35 ans).

Quand on sait que le GTI 15 JBL est acheté en Chine à moins de $ 40 pcs, prix de vente $ 300 !
Que l’excellent sub Peerless XLS10 s’achète à moins de $ 25 pcs. (Chine) et se vendait il y a peu, plus de 200 €….. Et on peut trouver mieux !

M.V. : J.Luc et toi même, pourquoi avoir abandonné vos entreprises en pleine expansion ? Pourquoi avoir renoncé à la grande réussite ? WP : je l’ai déjà dit, pas de passion pour réussir $ , mais aussi ce qui interpelle certains et n’est pas compris ..:.

J.L.Detilleux (Vice Président de l’ASBL):
remet une affaire rentable qui ne cesse de grandir !
Choisit une vie calme ; le bateau l’été et l’hiver le labo.

Paul Christophe (Conseiller Scientifique de l’ASBL):
aurait pu enseigner à l’Université, il ne l’a pas voulu !
Directeur dans l’enseignement, cela lui suffisait amplement.
:
Je pouvais « grandir », garder mes SPRL et peut être devenir comme B&W….Mais à quel prix ! Je ne sais plus qui a dit : nous sommes dans une société qui donne à penser que l’on ne trouve le bonheur qu’à travers la richesse. Des $ $ il en faut, mais pas à n’importe quel prix.

Tout les trois nous estimons avoir fait le bon choix. Réussir dans la vie et réussir sa vie sont deux choses rarement compatibles. Ne croyant pas aux deux possibilités, on a choisi le moins contraignant . Peut être, est-ce de la paresse ? (je parle pour moi) ..On ne fait que passer dans cette vie, à chacun son « truc ». C’est déjà une chance d’avoir pu faire un métier que l’on aimait, terminer carrière en exerçant sa passion sans contraintes, c’est une autre chance.

A chacun sa passion, on ne peut comparer celle du Dr Sidnet Harman $ $ et celle de James.B.Lansing ? – Harman à créé un empire, Jim des HP d’exception. Sans Harman, pour Jim c’était la faillite définitive. Sans Harman, on ne parlerait plus de lui. Sans Jim, Harman avait déjà les dents suffisamment longues pour réussir. Après Lansing Manufacturing Company créé en 1927 ou 28 et repris par Altec en 41, pour éviter toute confusion avec Altec-Lansing, James créé une nouvelle compagnie qui sera reprise par Harman. C’est le JBL actuel.

Dommage d’avoir mis Jim au rencart avant sa fin de carrière. En effet, James Martini, alias Jim, alias James.Bullough.Lansing, JBL à terminé ses jours seul dans une orangeraie, personne ne l’aide et en 1949 il se pend dans sa maison de San Marco…..il n’avait pas 50 ans.

Triste histoire. – PourJ.B.Lansing, il y a d’autre détails mais
c’est mieux de lire Lansing Heritage et ses légendes .

M.V. : On peut poursuivre avec Remy Lafaurie, mais avant, rappel comment nous connaissons ces détails sur J.B.Lansing et l’orangeraie ?
WP : Pourquoi pas, cela fera une anecdote de plus….. En tant que n°1 JBL (années 70) pour la Belgique, j’ai été invité à différents « séminaires ». (avec toi) Je pense que c’est à celui de Paris, hôtel Méridien en 1977 (ou 78) que j’ai rencontré T.Margolis. C’est lui qui m’a parlé de JIM. T.Margolis était le « conférencier » et un des pontes JBL de l’époque. C’est une rencontre fortuite due à un incident. Nous étions plus d’une trentaine de « francophones », en majorité bien sûr des Français, 2 ou 3 Suisses, 1 Canadien, 3 ou 4 de Martinique, Guyane et autres Iles… et moi. Parmi tous ces acheteurs importants pour JBL, il y en avait un qui était également de mes clients. X. Le deuxième jour de conférence, on pouvait poser question, ce Français du nord Mr.X. a eu la mauvaise idée d’ interpeller T.Margolis en lui disant : à vous entendre JBL est le meilleur, le plus beau, le plus fort, au Japon c’est tapis rouge et adoration, ici Monsieur c’est la France, arrêtez de nous « enfumer » et expliquez-moi pourquoi le constructeur belge, ici présent (il me montre du doigt) fait mieux que vous, avec les mêmes HP que vous? C’était le pavé dans la mare ! T.Margolis s’adresse à moi : Mr.Péters, je sais que vous êtes un constructeur de talent et fidèle client de JBL… »après les fleurs », la question : que pensez-vous de ce qui vient d’être dit ? D’un coté j’ai mon client X, en face le représentant JBL /US….. Pour satisfaire les deux, je répond : Mr. X. a raison, mais ce que je construis est différent et parfois plus cher que la hi-fi JBL. … Le client X. insiste : oui mais les cross, dites lui … et…Sauvé par le « gong », il est 12 Hr. D’autorité, T. Margolis met fin à cette discussion et propose de la reprendre à 14Hr, Il invite tout le monde à se rendre au restaurant de hôtel. Vers 13 Hr, un serveur me dit que je suis invité à la table de Mr. T.Margolis. Repas terminé, je m’y rends, après les présentations d’usage, il me remercie d’avoir temporisé malgré les ardeurs de Mr.X. Sans autre préambule, il me demande si j’admets qu’une self à air a une résistance plus élevée qu’une à noyau, « réponse » à section de conducteur égale oui. Il m’affirme que pour JBL, les selfs à noyau ont des tôles à grains orientés et je dois comprendre qu’il n’est pas prouvé que son auto inductance serait de valeur supérieure à celle d’une self à air. Celle utilisée par JBL sont ….. Avant qu’il ne poursuive, je lui dis que je comprends et désapprouve l’agressivité de Mr.X. J’ose ajouter que tant pour lui que pour moi, cela ne justifie pas de « se prostituer », si à 14Hr il me tient publiquement le même raisonnement, ma réponse sera sans ambiguïté : je déclarerai qu’un test d’impédance motionnel peut démontrer que la self utilisée par JBL génère une inductance de valeur supérieure à une self à air, pour la question de dynamique dans le grave, mes selfs à air sont bobinées avec du 3², et n’offrent pas plus de résistance que….. Tout cela il le sait…. Avec un grand sourire, il me déclare : ne prenez pas la peine de justifier votre point de vue, à 14Hr. j’anticiperai pour ce petit problème. (Par « bienséance », je n’ai pas contesté le vocable « point de vue »)
Son job, c’est démontrer que JBL est le meilleur, lui aussi étant le meilleur, je suis satisfait de pouvoir éviter une confrontation sur la théorie, dans ce domaine, ce bonhomme possède un don de répartie, cette petite confrontation n’a pas duré 3 minutes et pendant les 30 suivantes, il me parle de Harman et de James B.Lansing. C’est de lui que je tiens ces quelques détails tels que le limogeage de JIM, et de sa reconversion dans une orangeraie .

M.V. : Et la suite ?
W.P : A 14 Hr, il reprend sa conférence et pour noyer le poisson, d’une façon magistrale il explique
que les cross pour la hifi et la sono utilisent des composants différents, que l’on ne peut comparer que ce qui est destiné à un même usage, bien que le sujet reste la hifi, JBL est aussi le meilleur en sonorisation. Ex. : Aux USA nous avons des églises avec un temps de réverbération de 7 secondes, JBL a résolu le problème, il me pose la question : vous, comment feriez vous ? Que pouvais-je répondre, j’ai bien essayé : ligne de retard si…non le public est partout. Multiplier les points de diffusion à l’excès ….sur des câbles, sur les murs, sur …C’est toujours non, on ne peut pas dégrader l’endroit. Alors expliquez-moi ! Vous comptez les chaises, il y en a 1000, vous donnez 1000 casques JBL. Suivront d’autres gags, tout le monde se marre, il a gagné.
M.V. : Et Mr X ? : W.P.: Il n’est plus présent, j’apprendrai plus tard qu’il a été subitement invité
à une démo des derniers modèles JBL

M.V. : Fortiche le monsieur de JBL ! Et pour R. Lafaurie, que sais tu de lui ?

WP : C’était un Grand Monsieur, très qualifié dans divers domaines audio. Une autorité reconnue par beaucoup de professionnels. En 1962, je lui envoie un courrier lui expliquant que je suis un petit constructeur sans grande expérience, et que pour « sortir des sentiers battus » les quelques livres que je possède ne me sont pas d’une grande utilité. A ce courrier je joins deux de mes schémas, susceptibles d’améliorations : un cross over passif 2 voies sans condensateurs, selfs et résistances en montage série parallèle. Le deuxième schéma est un circuit bouchon où il n’y a qu’un condensateur et une self en // l’ensemble monté en série. Il me répond dans la semaine, me félicite pour le cross over passif sans capacité, et il m’indique qu’il ne lui semble pas possible de réussir à en augmenter les pentes (dB/oct.) sans l’usage de condensateurs. Il aura cette gentillesse d’ajouter, mais surtout continuez, suivi de « Inventer, c’est penser à côté » ( A.Einstein ) ». Cela avait la même signification que « Délaisse les grandes routes, prends les sentiers » (Pythagore 25 siècles plus tôt). C’est ce que j’ai fait. Pour le deuxième schéma, circuit bouchon, il m’envoie celui de G.A.Briggs. Il me dira : il ne vous manquait qu’une résistance pour faire de même. Son courrier est agrémenté d’explications, de documentations et d’encouragements. Pour le remercier, je lui envoie l’ouvrage de Abraham B.Cohen (University Loudspeakers). Bien entendu il connaît l’auteur mais pas son ouvrage. Fin décembre 1962, il m’envoie le livre « Reproduction sonore à Haute Fidélité » de G.A.Briggs (traduit de l’anglais par « lui » R.Lafaurie). Dans ce livre se trouve une carte avec l’annotation : meilleurs voeux de réussite pour 1963. Ce petit mot est attaché à la page 55, sous cette carte et sur cette page, le circuit bouchon « comment atténuer la résonance aiguë « . Ce geste fait chaud au coeur.

Après quelques échanges de correspondances, je le rencontre pour la première fois en 1964, il me donnera sa deuxième traduction de G.A.Briggs « Haut-Parleurs ».

Mireille : précision : Ajoutons aussi que G.A.Briggs était également le constructeur des HP. Wharfedale. -WP tu en sais des choses !

WP : Rémy Lafaurie nous a quitté à l’aube de ce siècle, bien qu’en trente ans, nous ne nous sommes rencontrés que 4 ou 5 fois, je garde le souvenir d’un homme gentil, attachant et exceptionnel. Au niveau des anciens rédacteurs de revues pour audiophiles, il reste, pour moi, un des plus grands.

WP : R.Lafaurie avait de nombreuses passions pour le son, cela ne se limitait pas aux micros.
Après l’avoir lu, on ne peut s’empêcher d’être en désaccord avec cette citation de Jean Cocteau : « il n’y a pas de précurseurs, il n’existe que des retardataires ». Je dirai plutôt : « Des millions de gens ont vu tomber une pomme, Newton est le seul qui se soit demandé pourquoi ». C’était donc un précurseur, en audio y en a eu quelques uns.
Il y a 8 ou 9 ans, dans la « Revue du Son », ils ont fait « un foin » pas possible pour un petit ampli « classe D » appelé Flying Mole, or 35 ans auparavant Remy Lafaurie avait donné un schéma de classe D avec des améliorations appréciables. Mis à part une alimentation à découpage différente, après l’avoir écouté, on peut se demander ce que Flying Mole a de plus. Bref on pourrait continuer à rendre à R.Lafaurie des éloges plus que méritées.

Question : Dans le livre de Briggs, page 55, C. Bouchon, un condensateur en parallèle avec une résistance et une self, l’ensemble monté en série, par rapport à ce que l’on fait actuellement, n’est ce pas dépassé ?

WP : Si dans certains cas Monsieur Jean Hiraga le préconise, il faut croire que non. Un peu dépassé ! Laissons le dire par ceux qui manquent d’expérience. Je dirais plutôt que c’est un schéma de base que nous avons amélioré.

Question : Parmi tous les livres étalés devant nous, lequel choisir ?
WP : Tous …
M.V. : Je vois un très usagé : « la Radio mais c’est très simple ».
WP : Il est de E. Aisberg mais ne concerne pas les haut-parleurs, je l’ai reçu à
l’occasion de mon quinzième anniversaire. Ce bouquin à plus de 70 ans. Les 40 premières pages
sont intéressantes pour tout débutant en électro acoustique.

M.V. : Il y a aussi dans le désordre : Jean Mercier, Alexis Badmaieff,

Don Davis, Pierre Loyez, R. Brault, J. Riethmuller, P. Hemardinquer, Serway

M.V. : Jean Hiraga, Roland Decande, Vance Dickason, Antonio Fischetti, S.S. Stevens, Remy Lafaurie, Abraham B. Cohen, Olson

et quelques autres. Lequel conseiller pour commencer ?

WP : Mis à part 2 bouquins à supprimer, ils sont tous bons pour construire, apprendre ou simplement se renseigner…

Pour construire : ils sont tous utiles, mais malheureusement mis à par quelques anciens, il y a trop de théories non vérifiées et parfois quelques erreurs d’appréciation dues probablement au manque d’expérimentations. Moins mythiques que leurs successeurs, les « Anciens » n’en étaient que plus rigoureux, ils possédaient un esprit didactique qui ne se rencontre que très rarement aujourd’hui.

Pour apprendre : initiation à l’acoustique de A. Fischetti me semble très bien pour un début. C’est une bonne initiation, c’est très bien expliqué. Pour avoir une vue générale de presque tout ce qui s’est déjà fait, celui de Jean Hiraga est une belle rétrospective. Le terme « subjectivement  » est à mon avis trop souvent employé, du point de vue explications techniques, quelques petites erreurs dans les interprétations, mais qui n’en fait pas ! Ce livre représente un long travail d’investigation, c’est de »l’histoire » à connaître. Oser dire que l’auteur est le nouveau G.A.Briggs démontre, que sur le net, il n’y a vraiment pas de limite à l’ignorance…Il n’y a aucune corrélation entre les deux ouvrages..

Pour une vue globale sur le plan technique : P.Loyez , J. Riethmuller et P. Hemardinquer sont également des classiques à connaître ….
Et pour ceux qui aiment « couper les cheveux en 4 », J. D’Appolito n’est pas en reste, lire son bouquin en vaut la peine.

WP; Je pense que l’on peu s’arrêter ici . Il y a tellement à raconter que l’on n’en finirai plus.

M.V.: C’est comme tu veux. J’ai retrouvé d’autres commentaires ci dessous sous référence ACF 2003

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«La musique n’est pas dans les notes … elle est entre les notes» DEBUSSY. Entre les notes? il y a des sons à éviter. Ne parlons pas des défauts d’une enceinte par méconnaissance du métier ou de la hi-fi de supermarché. A ce sujet, «Elektor» résume la question judicieusement : «si le plombier vous installait votre salle de bains comme d’aucuns vous torchent votre chaîne haute fidélité, vous ne seriez pas propre tous les jours !». La norme DIN 45.500 est une invention des «casques à boulons», cette définition qui nous vient d’outre-Rhin ne nous apporte rien, comme quoi la rigueur n’est pas toujours là où vous le pensez.

Sur la hi-fi, un éminent électro-acousticien a donné un jour cette définition originale et pleine de sens : «le but essentiel consiste dans une restitution de plus en plus fidèle mais non intégrale des caractéristiques musicales des sons enregistrés et d’une suppression de plus en plus absolue des défauts».

Contrairement à ce que l’on croit, le brillant mathématicien Jean-Baptiste Fourier n’étudiait pas les sons. Fourier recherchait la façon dont la chaleur se transmet à travers un objet, ce qui le conduisit (1801) vers une technique mathématique qui réduit n’importe quelle série d’ondes à une série de sinusoïdes simples. La somme de ces sinusoïdes est égale à l’onde originale. Le défaut principal : si les parois de votre enceinte acoustique vibrent, elles émettent «un son», une sinusoïde qui s’additionne à l’onde originale. Ce dont on tient peu compte aujourd’hui, est que la grande découverte de Fourier repose sur le fait qu’il relie la complexité des mouvements vibratoires à un concept mathématique évident. Cela explique les constructions des enceintes en briques et en marbre de G.A. Briggs.
Sandvoice que j’ai créé en 1964 : «Sand» pour sable et «Voice» pour voie, c’était du sable entre deux parois pour un son d’excep­tion mais lourd et peu pratique, j’ai abandonné ce système. En 1978? j’ai liquidé Sandvoice, la suite est une autre histoire….
Les enceintes acoustique de grande puissance présentée sur le site sont capable d’une pression acoustique dépassant les 115 dB. A cette puissance, tous matériaux dérivés du bois, MDF, médit ou autres, ne conviennent plus dans une épaisseur inférieure à 4 cm. En effet ces matériaux ne dépassent pas la densité de 0,90 (poids spécifique en gr.par cm3). A titre d’exemple, un cube en chêne de 1cm de côté = 0,72 gr. Les enceintes thermoformées en ABS et autres plastics ne dépassent pas 0,70. Dans ce cas on ne parle plus de musique, il s’agit de courbes non périodiques avec altération du timbre, c’est techno ou bruits.

J’ai attiré votre attention sur un des critères, celui que l’on néglige le plus W.P.